Son histoire
Le bâtiment
L'Auditoire du bailliage d'Amont a été construit au XVIIIe siècle par l'architecte bisontin Philippe Bertrand, sur l’emplacement du précédent "auditoire" jugé trop exigu et insalubre. La première pierre a été posée en 1777 et le tribunal a pu ouvrir en 1781. L'escalier monumental possède une rampe en fer forgé de toute beauté. Il a été dit, sans que cela puisse être prouvé, que Nicole, architecte de l'abbaye et "designer" du lutrin spécialement réalisé pour elle, aurait également dessiné cette rampe. Le lutrin est visible à l'église St Martin.
L'aile gauche du bâtiment n'étant pas classée, l'architecte de la médiathèque a donc pu y loger l'escalier actuel et l'ascenseur. Tout le corps central et sa façade sont inscrits sur la liste des monuments historiques. Ce classement a multiplié les contraintes de réhabilitation pour en faire un lieu public du XXIè siècle : pas de décloisonnement possible, respect total des boiseries repeintes au plus près comme à l'origine, fenêtres et vitres restaurées (avec du verre artisanal)... L'aile droite abrite l'imprimerie et éditions "Aencrages & Cie".
Quelques dates clés
- 1777 - Pose de la première pierre
- 1781 - Ouverture de l'auditoire
- 1961 - la ville acquiert le bâtiment
- 1965 à 1987 - Les salles de l'étage seules fonctionnent en tant que tribunal. Le rez de chaussée devient salle de bal entre autres.
- 1987 - Le tribunal déménage et s'installe rue Barbier dans les anciens locaux de l'école St Joseph et fermera définitivement en 2009.
- 1987 à 2000 - L'ancien tribunal devient salle d'expositions, conférences, petits spectacles, défilés de mode et abrite également l'école de musique pendant les travaux de celle-ci.
- 2000 - Il sera fermé par mesure de sécurité jusqu'aux travaux en vue de l'aménagement de la médiathèque, débutés en décembre 2008.
- 20 novembre 2010 - 20 novembre 2010 : inauguration de la médiathèque par Augustin Guillot.
Jean Grosjean (1912-2006)
Ecrivain, poète, prosateur magnifique, sa famille est native de Rougemontot. Grand ami de Claude Gallimard et d’André Malraux dont il fut l'exécuteur testamentaire. Le nom de la cour de la médiathèque témoigne de leur amitié. Il a également traduit des textes sacrés, entre autres le Nouveau Testament, la Genèse, le Coran et des tragédies grecques de Sophocle et Eschyle. Nous proposons pour le moment une vingtaine de ses œuvres à nos lecteurs. Quelques manuscrits offerts par sa famille sont conservés dans le Fonds Jean Grosjean qui a trouvé sa place dans le fonds patrimonial.
Salle des Arcades
La Salle des Arcades porte ce nom depuis très longtemps : très appréciée des baumois, elle a été salle de bal, d'expositions, de concerts, et a accueilli de multiples événements locaux. Lors de la reconstruction de l'actuelle mairie, elle a abrité, ainsi que d'autres salles du bâtiment, tous les services administratifs de la Ville (la mairie a brûlé en 1977). On a pu entendre certains de nos abonnés nous raconter qu'ils s'étaient mariés ici.
Salle Jules Gauthier
A mi-étage se trouve la salle Jules Gauthier : archiviste bisontin qui, amoureux de l'histoire de Baume, dressa bénévolement un minutieux inventaire de ses archives du XIIIè au XVIIIè siècle. Cette salle spécialement équipée abrite les archives de la ville antérieures à 1790. Y est conservé également le riche fonds patrimonial provenant dans sa majorité du couvent des capucins. Jusqu'à la Révolution de 1789, ces religieux lettrés étaient en charge de l'éducation des jeunes gens de la ville et avaient mis leur imposante bibliothèque à la disposition du collège. Les révolutionnaires ont chassé les capucins mais gardé les livres. La collection s'est enrichie jusqu'au début du XXe siècle, puis elle a été sauvée par les habitants eux-mêmes lors de l'incendie de 1977. Enfin un dernier sauvetage a eu lieu en 2007 : trop longtemps entassés dans un grenier, ils menaçaient de périr sous la poussière, l'humidité et les crocs des insectes papivores. Une désinfection générale réalisée à Paris dans les locaux de la BNF (Bibliothèque Nationale de France) et 6 mois de nettoyage et brossage minutieux page à page ont fini de lui rendre le droit d'enchanter encore plusieurs générations de bibliophiles.
Salle d'Audience ou Maurice Ravey
La Salle d'Audience dont on peut admirer les proportions parfaites sous son plafond richement mouluré à 6m au-dessus de nos pieds, s'appelle désormais salle Maurice Ravey : cet ancien instituteur et adjoint du maire Jacques Méry s'est battu bec et ongles pour que Baume les Dames possède une bibliothèque municipale. C'est un peu grâce à l'incendie de 1977 que son rêve a pris corps. Le 1er étage de la nouvelle mairie est devenu bibliothèque municipale en 1982 et ce jusqu'à l'ouverture de notre médiathèque en novembre 2010. Maurice Ravey s'en est occupé bénévolement et de façon très compétente jusqu'à son décès.
Salle Alexandre Borrot
La salle Alexandre Borrot porte le nom d'une figure emblématique de notre ville: ce professeur de lettres et fin grammairien n'était pas historien. A la demande du maire de l'époque, Jacques Méry, il s'est attelé avec courage et humilité à la rédaction d'un ouvrage consacré à l'histoire de Baume les Dames, depuis son origine légendaire jusqu'à la première guerre mondiale. Il s'est appuyé sur les archives anciennes de la cité qui sont également conservées ici. Ce livre est désormais introuvable en librairie mais il est consultable à la médiathèque.
Salle Jenny d'Héricourt
La salle Jenny d'Héricourt, dédiée aux enfants était la Salle du Conseil (la salle "où l'on rapporte les procès par escrit"). Un étonnant bas-relief sculpté dans la boiserie qui dominait la cheminée, représente une allégorie de la justice (la justice aveugle, la balance, les chaînes....) La cheminée aussi est étonnante, très ouvragée et sculptée dans trois marbres de différentes couleurs.
Une seule femme a eu droit à sa salle dans la médiathèque, mais quelle femme !! Jenny d'Héricourt (1809-1875) de son vrai nom Jeanne Marie Poinsard était non seulement écrivain mais surtout féministe active. Elle fonde la Société pour l'émancipation des femmes pendant la révolution de 1848. En 1860, elle publie "La femme affranchie" qui est traduit en anglais et lui ouvre les portes de l'Amérique ou elle séjourne jusqu'en 1872. Elle y rejoint le mouvement des féministes américaines (origine de son surnom, Héricourt est un village situé près de Montbéliard).
Une double porte donne accès à "l'escalier des prisons" : les prisons, détruites à nos jours, se trouvaient de l'autre côté de la cour, mais également dans les caves. Par cet escalier sécurisé par des grilles, rare et classé lui aussi, les prisonniers se rendaient dans le bureau du juge (ou salle du conseil) sans passer par l'escalier d’honneur. Ils avaient aussi accès à la "Salle d'interrogatoire" située au 1er étage de l'aile du bâtiment abritant maintenant Aencrages.
La cave
La cave, ou plutôt les caves, occupent toute la surface du bâtiment. La plus grande, située sous la Salle des Arcades est de la même dimension que celle-ci, mais un peu moins haute. Elle a souvent servie de prison collective, y compris pendant la dernière guerre mondiale. On peut y voir de nombreux graffitis de moins en moins lisibles.